Lors de ma formation pour enseignants chez Ayam, j'ai eu l'opportunité d'explorer et d'approfondir ma connaissance des textes traditionnels hindous tels que la Bhagavad Gita et des ouvrages fondamentaux comme les Yoga Sutra de Patanjali, Le Hatha Yoga Pradipika. Des intervenant.e.s passionné.e.s (Raphael Voix et Jeanne Burgart-Goutal) ont éclairé notre compréhension concernant l'origine du yoga et son évolution à travers les millénaires.
Mon étude restant superficielle, je ne peux m’empêcher de penser que ces traditions semblent fortement marquées par une perspective masculine. Alors? la naissance du yoga serait avant tout une histoire d'hommes ?
C'est dans les Veda que le terme Yoga apparaît pour la première fois ( 1500 à 500 av J.C);
Ce mot polysémique indiquait à ses origines, un attelage, un véhicule car les communautés védiques, descendant de la civilisation Aryenne, venue de moyen orient, étaient nomades.
Venez! Je vous embarque pour un voyage dans l'histoire du yoga, à la recherche de la femme, de la mère, de la déesse.
Les veda ( "savoir- science") sont les plus anciens textes sur lesquels se base la sagesse et tradition hindoue. Ce sont des textes religieux qui servent de norme aux rites et croyances, qui organisent le vivre-ensemble, éthique, politique. La religion des veda était polythéiste qui vénère entre-autre les phénomènes naturels tels le feu (agni), Les eaux (Apas), le vent (Vayu), le soleil (Surya)...Varuna est le dieu souverain qui règne sur l'ordre du monde.
Le sacrifice dévotionnel était au cœur de la religion védique, c'était même une obligation formelle le feu était l'élément à travers lequel on faisait des offrandes pour obtenir des grâces. Les rituels accompagnaient chaque moment du quotidien "pour l'indien védique, la religion était la substance même de son existence dans le monde."
Le Veda se présente comme une récolte, une classification du savoir, réuni par des diascévastes (spécialistes de la liturgie védique autour de 600 av.J.C) sans un ordre cohérent.
Les 4 veda : Rig-veda ( à usage des ablateurs), le Samaveda (pour les chantres),le Yajurveda (pour les acolytes), Le Atarvaveda (pour les chapelains royaux). Chacun de ces veda s'ouvre avec une samitha (hymne), comporte un brahamana (livre d’exégèses du rituel), un Aranyaka (annexes des brahamana - Aranya la foret), une Upanishad (court traité spéculatif), un Ghryasutra
( prescription rituelle dans le cadre privé).
La transmission se faisait oralement, le sanskrit, la langue de la révélation védique, est une langue qui contient énormément de pouvoir dans les sons de sa prononciation; Shruti qui signifie "écoute" est la connaissance relevée par l'absolu au brahman.
A l'origine, cette sagesse était destinée à une élite de personnes appartenant aux couches supérieures de la société, les Dvija ( trois premiers varna: brahamana, la classe des sacerdotes, les kshatria qui sont des hommes de pouvoir tels que les nobles et les guerriers et , enfin, les vaishya comprenant les éleveurs, les marchands et les artisans) et se transmettait de père en fils.
Rares sont lextes qui ne sont pas rédigés par un brahamane.
La grande majorité des brahamanes étaient des hommes mais "il existaient quelques exceptions concernant l' interdiction pour les femmes d’accéder à l’enseignement du yoga et des Veda-s. Certains textes classiques (La Yogayâjñavalkya Samhitâ et la Shiva Samhitâ) nous apprennent que de grands sages comme Yajñavalkya et le divin Shiva enseignèrent les Veda-s et le Yoga à leurs épouses Gargî et Parvatî. Dans le Ramayana, grande épopée classique et l’un des fondements de l’hindouisme, Kausalya, la femme de Dasharatha, pratique le prânâyâma (contrôle du souffle)."
La société védique du premier age (Rig-veda) était beaucoup plus paritaire qu'à l'époque médiévale et la femme pouvait être enseignante spirituelle et être une figure d’autorité. Un certain nombre de Rishi étaient des femmes et on les appelaient Rishika.
Voici d'autres noms de personalités femminines figurant dans les textes : Sulabha, Lopamudra (consœur d'Agastya), Ghosha, Maitrayi. Le Sulabha Shakha du Rigveda Samhita est attribué à Sulabha, comme le nom l'indique. Maitrayi fut la consœur du sage Yajnavalkya dont la Brihadaranyaka Upanishad relate leur dialogue sur l'immortalité.
Les Upanishad pouvant se traduire par "s'assoir près de", sont des ouvrages d’approfondissement qui rendent les veda accessibles à plus de monde. " L’étymologie de ce terme est déjà en elle-même révélatrice : elle renvoie à quelque chose comme « science des équivalences symboliques entre les éléments constitutifs du corps humain et ceux du cosmos »
Les Upanishad s'affranchissent du ritualisme védique qui utilisait le sacrifice extérieur pour s'approcher de Brahaman. Au contraire elles guident vers la découverte du divin en soi, loin des satisfactions personnelles.
Elle ne représentent pas la fin des Veda, mais plutôt une continuité, une fusion.
" Les plus importantes Upanishad, dites védiques, ont vu le jour entre -800 et -300; on en compte entre 10 et 14 . Mais on a continué d'écrire jusqu'au 18e siècle ( notamment le groupe des Upanishad du renoncement et celui des Upanishad du Yoga)". "Les Upanishad se raccrochent aux écoles védiques et s'en écartent. Elles sont transmises selon différentes écoles de pensée. Elles questionnent. Elles touchent à la vie, à la mort et à l'immortalité; à l'expérience sensible, à la pensée et à l'acte juste, à la vie dans le monde ou hors du monde..."(Y T-M)
Les sages des Upanishad étaient des scientifiques de l'esprit, ils étaient à la recherche de la libération du cycle de l'insatisfaction et de la souffrance. Le mot Karma signifie l'action et aussi le lien de cause à effet; Si l'action est accomplie vers la satisfaction du désir le cycle de la souffrance est maintenu. La question est: comment atteindre un état de réalisation tout en sortant des rituels intéressés?
"L’idée directrice est celle d’une expression de ces éléments. Par exemple, on qualifiera l’œil humain de « solaire » et, réciproquement, le soleil d’« œil de l’univers » ; ou bien on insistera sur le parallèle entre les « souffles » présidant aux diverses fonctions physiologiques (locomotion, digestion, etc.) et les vents cosmiques censés faire glisser les corps célestes sur leurs orbites. La voie était ainsi tracée vers l’idée « révolutionnaire » d’une équivalence des deux niveaux : on osera proclamer, indifféremment, que tout homme est le cosmos lui-même en miniature ou que le cosmos n’est pas autre chose que l’homme lui-même, pour ainsi dire immensément « dilaté ».
"Une phrase devenue célèbre fera le lien avec ce Univers et notre esprit:
TAT VAM ASI
-Toi aussi, tu es celà-"
(Chandogya Upanishad VI 3 à 10)
Comme le témoignent les Upanishad, le féminin est sacré dans la culture hindoue. Le Shakta Upanishad, un parmi les mineurs et plus récents, constitue une source d'informations importantes concernant le culte de Devi ( Déesse) et déclare le féminin comme étant le Suprême, le principe universel, Brahaman et Atman. Les compositeurs et les dates des Shakta Upanishad sont inconnus, probablement entre le 12e et le 15e siècle de notre ère.
Il semblerait que les lois de Manu aient provoqué la régression des droits de la femme en Inde. Il s'agit d'un traité de loi prononcé par un sage, Manu. à un groupe de rishis l'interrogeant sur l'ordre, le devoir de toutes les castes (Manu 500av J.C). C'est le traité relatif au Dharma qui a le plus d'influence en Inde. Selon la loi de Manu , le premier devoir d'une femme est de vénérer son mari, inconditionnellement. Pour en citer des propos :" une femme doit obéir à son père, puis, épouse, à son mari, puis, lorsque son mari est mort, à ses fils." Ou encore "Si une femme devait simplement entendre par hasard des récitations de mantras védiques, du verre fondu et chaud
devrait être versé dans ses oreilles" (Manusmriti).
Le yoga tel que nous le pratiquons aujourd'hui prend ses origines avec le Samkhya, une des plus anciennes philosophies indiennes faisant partie des 6 Darshan (point de vue- visions- aspect).
Le fondateur du Samkhya est Kapila un éminent sage autour du 550 AV. J.C.
Le texte surr lequel le yoga moderne se base, le Samkhya Karika, à été rédigé au 6ème siècle de notre ère par Ishvara Krishna.
"Les Darshan se regroupent en trois dyades : celles formées par la Mîmâmsâ et le Vedânta, (exégèse védique, du double point de vue ritualiste et ésotérique), par le Sâmkhya et le Yoga, (psychologie humaine, « spontanée » et « maîtrisée »), et enfin par le Nyâya et le Vaisheshika (« logique » et « physique »)."
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Samkhya (सांख्य) : l’école du dualisme métaphysique
Sam veut dire la totalité - Khya : les principes.- Fondée par Kapila.
- Postule l’existence de deux principes ultimes : Purusha (Principe masculin, la conscience pure, le Soi) et Prakriti (principe fémminin, la nature primordiale, la matière).
- Décrit l’évolution du monde matériel à partir de Prakriti et son interaction avec Purusha.
- Son but est la discrimination entre Purusha et Prakriti, menant à la libération.
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Yoga (योग) : l’école de la pratique spirituelle et de la maîtrise de soi
- Associée à Patanjali, auteur des Yoga Sutras.
- S’appuie sur la métaphysique du Samkhya mais met l’accent sur la pratique, notamment la méditation et les techniques psychophysiques.
- Propose un chemin octuple (Ashtanga Yoga) pour atteindre l’union avec le Soi (Samadhi).
Le contact initial entre Purusha et Pakriti a donné naissance aux grandes qualités universelles: Sattva, l’équilibre; Rajas, la transformation; Tamas, l’inertie.
" Le Samkhya yoga, c’est la philosophie ancienne sur laquelle repose toute la pratique posturale du système corps/mental, psycho corporel. Il représente la théorie et, le yoga la pratique.
La pratique du Hatha yoga postural avec toutes les déclinaisons et pratiques particulières qui sont la souplesse du corps, la purification du mental, la concentration, la détente, et la pacification du mental, ont pour source la philosophie du Samkhya yoga."
Trouver la vérité derrière un monde d'illusion, est une des recherches fondamentales de cette philosophie.
ASATOMA SATGAMAYA
TAMASOO MAA JYOTHIR GAMAYA
MIRTHYOR MAA AMRITHAM GAMAYA
OM SHANTI SHANTI SHANTI
Conduis- moi de l'rréel vers le réel, conduis.moi de l'obscurité vers la lumière, Conduis- moi de la mort vers l'immortalité, Om paix, paix paix
D'après mes recherches, la figure de la femme en tant que pratiquante , apparaît au moyen-age dans les textes tantriques.
Le tantrisme (5e-15e siècle de notre ère) soutient une conception de la femme vue comme le cosmos ou la Nature, comme la personnification des grands principes de la réalité universelle, la Pakriti.
Le Yogarahasya ( Le secret du yoga) est le seul texte ancien que j'ai trouvé conténant des considérations et des instructions concernant la pratique pour la femme enceinte. L'auteur de ce texte, perdu et magiquement retrouvé et traduit par Krishnamacharya, est Sri Nathamuni un sage indien ( ET OUI ENCORE UN HOMME!) du 9ème siècle de notre ére. Je détaillerai dans un autre article mais voici un bref extrait :" Le monde entier sait sans aucun doute que ce sont les femmes au foyer qui protègent le monde, car elles donnent de la nourriture, des connaissances, des richesses et un endroit où habiter" ; " Elle sont tellement occupées, avec leurs enfants, petits enfants, famille, mendients, domestiques, bétails, etc qu'elles n'ont pas le temps de s'occuper d'elles meme." " Lorsque la mere de famille pratique, elle donne un exemple que les enfants peuvent suivre"...
LA PLACE DE LA MÈRE: Au 11e siècle de notre ère, Le sage Kaivata commentant Patanjali, dit que " la mère a plus d'importance que le père parce qu'elle porte le fœtus."
Selon Sri Hanuman (https://fsbe-yoga.org/groupeyogafsbe/)
" Pourquoi Yogi? parce que Il n’ y a que des hommes en majorité ! Parce que ces enseignements ne concernaient que des hommes.
Les femmes avaient pour fonction (dans cet état d’inconscient collectif) d’être des mères.
Petite astuce, qui est donnée dans la vie Tantrique, qui dit que les femmes étant plus évoluées, n’ont pas besoin de ces disciplines !
Pourquoi ? parce que dans la voie Tantrique, elles représentent le Shakti Divine, elles ont le pouvoir d’enfanter. Elles sont plus proche de la déesse."
"Shrî Krishnamacharya, tout en étant un des gardiens les plus respectés en son temps des traditions indiennes, fut l’un des premiers à enseigner le yoga aux étrangers et aux femmes. Voici son avis sur l’aptitude des femmes à pratiquer le Yoga : "« Ceux qui parlent de discrimination entre les hommes et les femmes doivent réétudier les Yoga-Sūtra-s. Dans quel aphorisme (sūtra) une telle discrimination est-elle préconisée ? En fait ce sont les femmes, et non les hommes, qui porteront le flambeau du Yoga et de l’ordre (dharma). » Voici donc les femmes non seulement autorisées à pratiquer et transmettre le yoga, mais surtout élevées à la place d’honneur par l’un des experts les plus honorables de cette discipline."
"Pour ce qui en est du yoga, la position de la femme reste discrète, le modèle à suivre, enjoignant le renoncement, ne pouvait s'appliquer au statut de mère, rôle incontournable pour la femme.
Conséquemment, les grandes yogini assument le nom de Maa (Sainte mère), ce qu'elles représentent sur un plan universel."
Dans les anciennes écritures en Inde, toutes les femmes sont des incarnation de Lakshmi
" Chaque femme est une incarnation de vous.
Vous existez en tant que petite fille dans leur enfance,
en tant que jeune femme dans leurs jeunesse
et en tant que femme âgée dans leur vieil age."
SOURCES: Wikipedia.org - fédérationvédiquedeFrance.fr - franchecomtéyoga. com - tyronalife.com - La philosophie indienne une tout autre approche du monde.htm - Viniyoga Fondation France.htm - https://ekongkar.yoga/?p=39158 -Écho du yoga 66-
LE CANON MUKTIKA

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