
La grossesse à travers Yoga Chikitsa
L'évolution sur mon tapis
"Le déplacement est intérieur, il concerne la relation à soi et à l'autre; il implique de se laisser transformer, de marcher sur une voie par l'exercice régulier et conscient. Il permet d'etre plus juste, de prendre le temps pour poser l'action qui convient"
Ysé Tardan Masquelier
Je pratique le matin, absolument à jeun après une petite toilette complète de jhiva dhauti.
Au réveil, moment satvique, je laisse les pensées dans la dimension du sommeil, l'esprit est paisible. Commencer la journée sur le tapis de yoga agit comme un instrument interne qui mesure mon état physique, émotif et psychologique, un "gunamètre" (les Gunas): suis-je calme, ou au contraire impatiente? quel désir m'anime ou me brûle? Y a-t il un excès, une sensation prédominante?
La pratique transforme et équilibre.
Dissoudre les tensions physiques, canaliser le mental, me libérer des peurs au fil des asanas, est nécessaire pour intégrer les changements rapides du corps-esprit, dus à la progression de la grossesse. Dans cette période particulière je subis les effets multiples des hormones qui influencent mon humeur mais aussi ma concentration; je me surprends souvent légère et distraite, la pratique constante de l'ashtanga me sert comme outil d'ancrage, me ramenant les pieds sur terre; de la même manière ma routine ashtangi dissout la pesanteur tamas, résidu de nuits souvent peu reposantes.
Il est très important pour moi d'établir et maintenir une harmonie au sein de mon enveloppe, espace que je partage depuis 7 mois avec un autre être.
Je vis la grossesse comme une véritable opportunité pour approfondir la connaissance du "moi" et de parcourir l’apprentissage sur la voie du yoga avec un esprit nouveau tous les jours.
Je vois la série Yoga Chikitsa comme une métaphore parallèle de la vie en générale et encore plus maintenant que je la vis durant la grossesse: depuis le début je me grandis, je crée de la place, je génère de l'énergie dans un échange métaphysique avec mon environnement, je change de forme, je me transforme dedans et dehors. Puis la vague de puissance et de chaleur descend vers la paix des postures finales, et enfin la renaissance après le savasana. J'aime croire que pratiquer l'ashtanga est une bonne formation pour me préparer aux différentes étapes du chemin initiatique vers la maternité..
Le premier trimestre a été difficile pour moi psychologiquement et physiquement: barbouillée, aucune motivation, d'humeur éteint. Pourtant je n'ai cessé de pratiquer régulièrement et c'était d'un grand réconfort.
Vanessa, la formatrice AYAM qui m'accompagne depuis le début de cette aventure, m'a décrit brièvement les 3 étapes d'évolution de la pratique au pas des trimestres de grossesse:
- 1er trimestre "faire de la place". Et cela se joue surtout au niveau du mental car il est difficile de sortir des automatismes, des "diktats" de l'égo qui ne veux pas renoncer à telle posture qui m'a demandé beaucoup de travail! Le ventre est encore discret, mais c'est ici, dans le centre qu'il faut accueillir...alors on commence à écarter un peu plus les jambes dans les flexions, on bannit les jumps, on modifie les torsions...
- 2èm trimestre "pratique avec lui". Le ventre s’arrondit, s'affirme, difficile de l'ignorer à ce stade. Il faut prendre conscience que le centre de gravité est modifié, le poids et la forme du ventre m’entraînent vers l'avant. Cela demande de l'attention pour ramener la verticalité dans l'axe et garder le bébé proche de mon centre énergétique.
- 3ém trimestre "C'est lui qui pratique! " Je fais ce que je peux et cette série me guide avec intelligence à la rencontre d'un nouveau moi, avec de nouvelles sensations, de nouvelles peurs et visions...
La magie de la première série d'Ashtanga, toujours la même séquence et pourtant toujours différente, outil sans égal pour me guider dans toutes les saisons de la vie.
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